INTERVIEW

Allain Bougrain-Dubourg

Journaliste, producteur et réalisateur, président de La Ligue pour la protection des oiseaux.

1. Très tôt, vous vous êtes engagé en faveur de la nature et plus spécifiquement de la faune, d’où vous vient ce rapport singulier à la nature et comment le cultivez-vous ?

Alors que je n’avais qu’une dizaine d’années, le Muséum d’Histoire Naturelle de la Rochelle accepta de lever le voile sur ses coulisses. Comment ne pas devenir curieux de nature face à un tel privilège ? Les biologistes ont ensuite décidé de m’initier à la connaissance des serpents, au baguage des oiseaux, à la taxidermie ou à la muséologie. Il n’en fallait pas tant pour que naisse une vocation. Plus tard, j’ai eu le bonheur de faire de ma passion un métier, grâce à de nombreux reportages réalisés pour la télévision. Dans le même temps, je m’investissais inévitablement dans l’urgence de la préservation du vivant.

2. On constate que les expériences sensorielles comme observer les animaux ont un fort impact sur le niveau de connexion à la nature, voire davantage même que de pratiques liées à la nature, pensez-vous par exemple que d’écouter le chant des oiseaux en ville ait plus de bienfait que de cueillir des fruits ou des légumes

Je n’ai pas la compétence pour établir une échelle de valeur sur les expériences sensorielles mais toutes les enquêtes montrent combien elles peuvent participer de notre équilibre, voire de l’harmonie d’une société. Le confinement, généré par la Covid 19, a révélé les bienfaits de l’observation et de l’écoute. Face à cet engouement dont les medias se sont fait l’écho, je me suis réjoui de constater que les français, finalement enfants de Cuvier, Lamarck, Buffon et tant d’autres naturalistes, nous développons peu à peu la vocation des sciences participatives.

3. Selon vous, que doit-on faire aujourd’hui pour se reconnecter à la nature ? Quels conseils donneriez-vous aux citoyens ?

Les scientifiques sont sortis de leur laboratoire pour éclairer la société, voire jouer les lanceurs d’alerte avec souvent beaucoup de courage. Je leur rends d’autant plus hommage qu’ils tissent un lien favorable à la création de vocations. Dans le même temps, les associations de protection de la nature se sont professionnalisées au point d’offrir aux citoyens la possibilité de s’initier. Il convient aujourd’hui de favoriser la connaissance en incluant la protection. Pour monter la première marche de cet engagement, je recommande d’adhérer, voire de s’investir dans une association. Bien des bonheurs sont à espérer en retour.

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Chiroptérologue et Chargé de mission dans la prise en compte de la faune dans la gestion forestière à l'Office national des forêts.

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