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Céline Orjubin

INTERVIEW

Céline Orjubin

Fondatrice de My Little Paris

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Laurent Tillon

Chiroptérologue et Chargé de mission dans la prise en compte de la faune dans la gestion forestière à l'Office national des forêts.

Serge Papin

PDG Système U de 2005 à 2018, Chargé de mission auprès du Gouvernement et membre du Comité de mission du Groupe Rocher

Maïté Delmas

Représentante de l’association Jardins botaniques de France et des pays francophones, Directrice adjointe à la Direction des relations européennes et internationales du Muséum National d’Histoire Naturelle, Direction en charge...

Laurent Tillon

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Laurent Tillon

INTERVIEW

Laurent Tillon

Chiroptérologue et Chargé de mission dans la prise en compte de la faune dans la gestion forestière à l’Office national des forêts.

1. On constate un besoin insatisfait de nature de la part des citoyens, d’où provient ce manque selon vous ?

La crise que nous traversons, avec certaines règles liberticides, a amplifié le besoin de liberté. La nature de manière générale offre des grands espaces dans lesquels chacun peut assouvir son envie de liberté. En effet, une simple balade en forêt, en bord de mer, ou une grande promenade en montagne permettent de parcourir des paysages diversifiés, dans lesquels on se retrouve face à soi-même, avec comme limites notre propre condition physique ou intellectuelle. Ce ne sont plus des règles qui entravent notre déplacement, mais nos propres limites. Chacun est alors face à lui-même, il n’a plus à jouer un rôle, comme la société nous l’impose la plupart du temps. Plus besoin de porter un masque en pleine nature. Je pense donc que cette recherche de vérité, de sincérité chez chacun de nous, nous invite à nous tourner vers la nature, pour ces raisons. Par ailleurs, en forêt ou à la montagne, le rythme change. On n’est plus sur la cadence infernale du fameux « métro, boulot, dodo », et il devient alors possible de se caler sur un rythme naturel, ce rythme dont on s’est éloigné au fur et à mesure dans la vie en ville, ce rythme calé sur les saisons, sur la météo. Même si on est parfois distant intellectuellement de ces rythmes naturels, nos corps, nos esprits, sont inévitablement influencés par ces cadences naturelles.

2. Quels conseils donneriez-vous aux citoyens qui souhaitent se reconnecter à la nature mais qui ne savent pas comment faire ?

Beaucoup de promeneurs et utilisateurs d’espaces naturels vont en pleine nature comme ils peuvent consommer d’autres bien accessibles. Alors, la rencontre devient difficile. Il faut la provoquer, mais cela implique de la respecter, et de prendre son temps. Il faut ainsi s’y rendre en ayant préparé sa sortie, avec le bon matériel bien sûr, mais aussi après avoir prévu un minimum sa sortie sur une carte. Les outils modernes sont d’une grande aide quand on a peur de se perdre, mais il me semble plus important de se laisser le temps de progresser lentement, en observant plutôt les points de référence naturels, ici un sommet, là un arbre caractéristique. On développe alors des capacités et des compétences favorisant une plus grande attention à ce qui nous entoure. Parfois même, se laisser le temps de se perdre un peu ne fait qu’enrichir ces compétences. Certains amis venus de la ville me demandent parfois comment aller en forêt sans se perdre, et sans risque. La forêt n’est pas risquée, la nature en générale ne l’est pas, en tout cas pas plus que la ville. Mais elles a ses propres règles, qui nécessitent de la patience, du calme. Pour les personnes qui ont peur de se perdre, une solution consiste à prévoir la journée pour une balade de 3 à 4h. Et si vous vous perdez, vous aurez le temps de rentrer, en suivant votre carte et ses points de repères naturels, pourquoi pas en fonction du soleil (pour identifier la direction que vous prenez). Et si votre angoisse monte progressivement, alors ressortez vos outils modernes, qui vous guideront jusqu’à votre point de départ. Puis, à force de patience, on provoque ainsi une rencontre avec la nature qui nous entoure, et une attention de tous les instants. Personnellement, cette démarche d’apprentissage m’a pris du temps. Ayant grandi dans une petite cité d’une petite ville d’Eure-et-Loir, je n’avais pas les prérequis pour savoir comment me connecter à la nature. Mais à force de patience et de persévérance, en acceptant aussi que certaines sorties soient « silencieuses », j’ai développé une plus grande attention à mon environnement. Progressivement, j’ai eu l’impression d’être de mieux en mieux connecté à ce qui m’entourait, et avec moi-même. Et au contact de cette nature si précieuse, j’ai eu le sentiment de m’ancrer dans ma vie.

3. À l’occasion de la sortie de votre livre "Être un chêne : sous l'écorce de Quercus" pourquoi la forêt, lieu de nature par excellence, est-elle la plus propice à nous véhiculer du bien-être ?

Pour moi la forêt est essentielle. J’ai besoin des arbres pour me sentir bien, comme rempli d’une énergie issue de la Terre qui m’offre un sentiment de plénitude. Pourquoi ce sentiment, que beaucoup de gens ressentent en forêt ? On y trouve une biodiversité exceptionnelle, avec des insectes, des oiseaux, des champignons, de nombreux organismes qu’on ne trouve que là. Malgré le calme apparent, la forêt est le théâtre d’une activité intense. De nombreux organismes se nourrissent de bois ou des feuilles. C’est le cas des chenilles, nombreuses en forêt (on en compte parfois près d’un million par hectare), qui raffolent des feuilles de chêne. Alors, les arbres se défendent, et fabriquent des molécules rendant les feuilles indigestes. Mais ils fabriquent aussi d’autres molécules informatives qui sont dispersées dans l’air, un cortège d’alcaloïdes, d’alpha-pinènes, de terpènes, d’huiles essentielles et bien d’autres, qui forment ce qu’on appelle des phytoncides. Nous captons ces molécules lors de nos promenades. Elles ont la particularité de solliciter notre système immunitaire, qui fabrique alors des lymphocytes NK, ces cellules tueuses qui nous défendent contre les virus et autres bactéries nocives. Par ailleurs, les arbres mettent en place un dispositif de cicatrisation des tissus abîmés, via de petites impulsions électriques. Les ions négatifs ainsi produits se dispersent aussi, et réduisent notre taux de cortisol, l’hormone du stress chronique, abaissant ainsi les risques de maladies cardio-vasculaires. Les arbres produisent l’oxygène que nous respirons, dont nous avons besoin. Puis lors de la fabrication des molécules permettant sa croissance, l’arbre pompe énormément d’eau dans le sol, mais en relargue une bonne partie par les feuilles, entrainant une atmosphère plus humide qu’ailleurs dans nos paysages, surtout lors des journées chaudes de l’été. On conviendra alors que la forêt et le contact avec les arbres constituent une source inépuisable de bien-être.

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PDG Système U de 2005 à 2018, Chargé de mission auprès du Gouvernement et membre du Comité de mission du Groupe Rocher

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Pascale d’Erm

INTERVIEW

Pascale d’Erm

Journaliste, essayiste et réalisatrice spécialisée dans la nature et l’environnement 

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Chiroptérologue et Chargé de mission dans la prise en compte de la faune dans la gestion forestière à l'Office national des forêts.

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Marc André Sélosse

INTERVIEW

Marc André Sélosse

Biologiste, professeur et chercheur, président de Biogée, chroniqueur à France Inter.

1. 85% des citoyens ont un besoin de nature insatisfait, comment évaluez-vous notre rapport à la nature et au vivant en 2021 ?

Notre rapport à la nature est devenu plus complexe. En effet, nous sommes passés d’une biologie du visible à un monde de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. En ce qui concerne l’infiniment petit, les virus par exemple, notre compréhension est moins intuitive que celle de ce que nous voyons, alors qu’ils font partie de la nature. Dans l’infiniment grand il y a la biodiversité, l’évolution, les écosystèmes. C’est plus diffus et ineffable qu’avant et cela suscite donc une distance, voire parfois une incompréhension. Il est difficile aujourd’hui de comprendre toute la nature, surtout depuis la ville.

2. À votre avis, que faut-il faire pour se reconnecter à la nature ?

Plusieurs choses sont à prévoir :

a) Il faudrait enseigner plus activement le monde naturel. Aujourd’hui, la part des Sciences de la vie et de la Terre est insuffisante. Or on ne peut comprendre ce que à quoi l’on n’a pas été sensibilisé.

b) De plus, il y a manque évident d’interdisciplinarité, en formation comme en journalisme ou en politique. Beaucoup d’objets naturels mériteraient un regard croisé. Par exemple, la compétition biologique permet de mieux appréhender la compétition économique et vice-versa ; le développement durable raisonne avec les SVT, l’histoire et la géographie, etc. Il faut développer une vision holistique, intégrative de notre milieu et de la nature – désenclavons les disciplines.

c) Enfin, pour ce qui est de la consommation, il faudrait un système de labels et d’étiquetages plus pertinents, précis et clairs. Lorsque je fais mes courses au supermarché, il m’est difficile de savoir d’où cela vient, comment cela a été fait et à quel prix, humain ou écologique. Manger un produit dont on connait la provenance, notamment un produit local, est un premier pas vers la reconnexion à la nature. Car oui, c’est notre carte bleue qui fait le climat et la gestion de la nature. Nos actes d’achats et de consommation sont essentiels pour se réapproprier la nature qui nous entoure.

3. Vous venez de lancer la Fédération « BioGée » pour promouvoir les sciences du vivant et de la Terre, quelles actions allez-vous mettre en place pour accompagner les citoyens vers la reconnexion aux sciences de la nature et du vivant ?

C’est une fédération d’Académies, de sociétés scientifiques, d’associations de journalistes et d’entreprises (biogee.org), qui rassemble aussi des personnalités du monde scientifique et médiatique. Nous allons mener une triple action autour des sciences du vivant et de l’environnement :

a) Tribunes dans des journaux sur des sujets liés à nos disciplines, tel que pourquoi la biologie est-elle devenue une affaire de formation citoyenne,

b) Lobbying pour favoriser l’apprentissage de nos disciplines dès l’école primaire, pour former les citoyens de demain et rendre leurs choix informés, sinon responsables.

c) L’organisation de journées annuelles thématiques dans une ville qui sera bientôt annoncé ; la prochaine (1-3 avril 2022) sera par exemple consacrée à la ville comme lieu de nature.

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Allain Bougrain-Dubourg

INTERVIEW

Allain Bougrain-Dubourg

Journaliste, producteur et réalisateur, président de La Ligue pour la protection des oiseaux.

1. Très tôt, vous vous êtes engagé en faveur de la nature et plus spécifiquement de la faune, d’où vous vient ce rapport singulier à la nature et comment le cultivez-vous ?

Alors que je n’avais qu’une dizaine d’années, le Muséum d’Histoire Naturelle de la Rochelle accepta de lever le voile sur ses coulisses. Comment ne pas devenir curieux de nature face à un tel privilège ? Les biologistes ont ensuite décidé de m’initier à la connaissance des serpents, au baguage des oiseaux, à la taxidermie ou à la muséologie. Il n’en fallait pas tant pour que naisse une vocation. Plus tard, j’ai eu le bonheur de faire de ma passion un métier, grâce à de nombreux reportages réalisés pour la télévision. Dans le même temps, je m’investissais inévitablement dans l’urgence de la préservation du vivant.

2. On constate que les expériences sensorielles comme observer les animaux ont un fort impact sur le niveau de connexion à la nature, voire davantage même que de pratiques liées à la nature, pensez-vous par exemple que d’écouter le chant des oiseaux en ville ait plus de bienfait que de cueillir des fruits ou des légumes

Je n’ai pas la compétence pour établir une échelle de valeur sur les expériences sensorielles mais toutes les enquêtes montrent combien elles peuvent participer de notre équilibre, voire de l’harmonie d’une société. Le confinement, généré par la Covid 19, a révélé les bienfaits de l’observation et de l’écoute. Face à cet engouement dont les medias se sont fait l’écho, je me suis réjoui de constater que les français, finalement enfants de Cuvier, Lamarck, Buffon et tant d’autres naturalistes, nous développons peu à peu la vocation des sciences participatives.

3. Selon vous, que doit-on faire aujourd’hui pour se reconnecter à la nature ? Quels conseils donneriez-vous aux citoyens ?

Les scientifiques sont sortis de leur laboratoire pour éclairer la société, voire jouer les lanceurs d’alerte avec souvent beaucoup de courage. Je leur rends d’autant plus hommage qu’ils tissent un lien favorable à la création de vocations. Dans le même temps, les associations de protection de la nature se sont professionnalisées au point d’offrir aux citoyens la possibilité de s’initier. Il convient aujourd’hui de favoriser la connaissance en incluant la protection. Pour monter la première marche de cet engagement, je recommande d’adhérer, voire de s’investir dans une association. Bien des bonheurs sont à espérer en retour.

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Serge Papin

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Serge Papin

PDG Système U de 2005 à 2018, Chargé de mission auprès du Gouvernement et membre du Comité de mission du Groupe Rocher
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Maïté Delmas

INTERVIEW

Maïté Delmas

Représentante de l’association Jardins botaniques de France et des pays francophones, Directrice adjointe à la Direction des relations européennes et internationales du Muséum National d’Histoire Naturelle, Direction en charge des relations avec les Outre-mer. Co-présidente du Partenariat mondial pour la conservation des plantes et point focal national pour la Stratégie mondiale pour la conservation des plantes.

1. Quel est votre rapport à la nature ?

J’ai eu la grande chance de passer les premières années de ma vie dans un jardin et de pouvoir explorer la campagne proche développant ainsi une relation intime avec la nature. Ces terrains d’aventure ont permis d’ancrer en moi un lien sensible avec le monde végétal qui m’entourait et m’ont tout naturellement guidée vers les jardins botaniques pour me former davantage.

Sensibilisée à la nécessité de préserver la biodiversité, j’ai rejoint l’association professionnelle Jardins botaniques de France et des pays francophones qui incite les jardins à participer à réalisation de la Stratégie mondiale pour la conservation des plantes. J’apporte aujourd’hui ma pierre aux négociations en cours sur les futurs cadres stratégiques mondiaux pour la biodiversité afin d’assurer la prise en compte et l’actualisation de la stratégie des plantes lors de la COP 15 qui se tiendra cet automne en Chine.

Sur un plan personnel, je fais également partie des membres fondateurs de Jardins et Santé, une association qui soutient le développement de jardins à visée thérapeutique dans les lieux de vie des personnes en situation de fragilité, promouvant le mieux être par le jardinage ou le simple accès à un jardin.

2. Que disent les jardins botaniques du rapport de l’homme à la nature ? Est-ce selon vous l’expérience sensorielle ultime à avoir en ville pour se reconnecter à la nature ?

On recense actuellement 3700 jardins botaniques dans le monde, 800 en Europe et près d’une centaine en France. A eux tous, ils détiennent une partie importante de la diversité végétale. Un cinquième des espèces connues de la planète se trouve aujourd’hui menacé d’extinction à cause de la pression croissante de la population humaine, la modification de leur habitat, la déforestation, la surexploitation, la propagation des espèces exotiques envahissantes, la pollution et l’impact croissant des changements climatiques.

Le plus souvent situés au cœur des villes, les jardins botaniques sont de véritables sanctuaires où la diversité végétale est répertoriée, décryptée et conservée. Les interactions entre monde végétal et monde animal y sont mises en lumière de même que la contribution des plantes au fonctionnement des écosystèmes.

Pour les citadins, les jardins botaniques représentent aussi des fenêtres ouvertes sur la biodiversité locale ou lointaine. Attirant plus de 100 millions de visiteurs par an dans le monde, ils sont le principal vecteur d’informations sur la biodiversité végétale et à l’importance de sa préservation. Ils permettent aux citoyens de comprendre leur place dans la nature et sa fragilité afin de devenir des acteurs responsables.

3. On note que la transmission détient un rôle capital dans le niveau de connexion à la nature des citoyens, quelle place les jardins botaniques peuvent-ils avoir dans la transmission et la connaissance portée à la nature ?

On ne peut préserver que ce que l’on connait et que l’on peut nommer.
La connaissance des plantes fait partie des missions fondamentales des jardins botaniques. Ils représentent aujourd’hui l’un des rares lieux d’enseignement de la botanique traditionnelle et peuvent proposer des sorties nature, des herborisations et des cours de dessin botanique. Ces enseignements se diversifient pour aborder d’autres thématiques comme la connaissance des milieux, la conservation de la biodiversité, l’initiation à l’écologie, au développement durable et aux pratiques respectueuses de l’environnement.

A l’heure où l’on prône les bienfaits des cours en plein air, les jardins botaniques proposent aux scolaires des programmes pédagogiques, en y associant de multiples disciplines (artistiques, mathématiques, biologiques, botaniques…)

La transmission des connaissances passe également par la formation des personnels chargés de la gestion des collections et de la médiation scientifique. Une formation alliant connaissance horticole, botanique, systématique, écologie et phytosociologie permet d’acquérir le titre de jardinier-botaniste reconnu au niveau national. Les médiateurs scientifiques développent des pratiques éducatives innovantes, sensorielles et technologiques.
Enfin, dans le cadre du programme Sud Expert Plantes développement durable, une formation à la gestion de jardins botaniques est en cours d’élaboration et sera proposée à 22 pays francophones de la Zone de solidarité prioritaire du gouvernement français.

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Augustin Berque

INTERVIEW

Augustin Berque

Géographe et ethnologue, spécialiste du Japon.

1. Grâce à votre posture d’interface et d’observateur entre les mondes occidentaux et orientaux, selon vous quels seraient les points de jonction et les points de disjonction sur la relation entre humains et non-humains ?

Selon les diverses cultures d’Orient et d’Occident, a fortiori si l’on en considère l’histoire, il y a des dizaines de réponses possibles. Au Moyen Âge, l’expression ex Oriente lux, « la lumière vient d’Orient » voulait dire retrouver les textes de la philosophie grecque à travers leurs traductions en arabe, car l’Europe les avait perdus ; mais vu de Chine, l’islam n’a rien d’oriental. Aujourd’hui, « l’Occident » veut dire quelque chose où le christianisme et la civilisation moderne sont liés, et « l’Orient », quelque chose qui va du bouddhisme à l’animisme shintô. C’est dans les deux cas très varié. Je vais donc ici me borner à caricaturer le Japon et la France. Le cogito cartésien, parangon du sujet moderne, proclame qu’il n’a « besoin d’aucun lieu pour être » (Discours de la méthode). C’est le sujet absolu, autosuffisant. Il s’ensuit que tout le reste (hormis ses semblables) est un objet mécanique. Voilà l’essence du dualisme : la coupure entre l’humain et le reste. L’humain nippon est à l’inverse : son expression à tous égards est relationnelle, et le bouddhisme va jusqu’à proclamer que tous les êtres du monde naturel incarnent la bouddhéité (busshô 佛性), alors que le cogito tient de la Bible la conviction que lui, et lui seul, a été créé à l’image de Dieu.

2. Pensez-vous que la nature telle qu’elle est racontée en ville relève plus de la mise en scène que de la réalité ? Ville et nature sont-elles deux notions antinomiques ?

La ville est ce qu’il y a de plus artificiel sur Terre. Historiquement, ses remparts ont symbolisé l’opposition entre urbanité et civilisation d’une part, ruralité et sauvagerie de l’autre. Le sinogramme yĕ 野, suivant le contexte, signifie aussi bien la campagne que la nature sauvage. En castillan, agreste veut dire « sauvage, inculte », et non pas « champêtre ». Pourquoi, d’un bout à l’autre de l’Eurasie, la nature et la campagne sont-elles d’un côté du rempart, et la ville de l’autre ? Parce que c’est la ville qui a ouvert le monde historique, en inventant l’écriture et en écrivant l’histoire. C’est aussi pourquoi, dans le monde latin, la fondation d’une ville était le début de l’histoire (ab urbe condita, comme la comptaient et la contaient les Romains), une histoire où la culture était intra muros, et la nature hors les murs.

3. En quoi le faible score de connexion à la nature donné au Japon par ce Baromètre est-il une opportunité pour nous expliquer le lien riche que l’humain d’Asie entretient avec son environnement ?

Ce que l’Occident moderne appelle « la nature » est un objet. Le japonais a rendu cette notion par shizen (du chinois zìrán 自然), mais dans ce mot il y a « soi » (自), qu’on retrouve par exemple dans jibun 自分, ce qui selon le contexte peut vouloir dire « moi-même ». Et en chinois, quand le poète Tao Yuanming (365-427) parlait de făn zìrán 返自然, cela voulait dire aussi bien « retourner à la nature » (en quittant la ville) que « recouvrer ma nature ». C’est totalement étranger au dualisme ; le subjectif, le culturel, le social ne peuvent pas s’en abstraire. C’est pour cette raison que dans les années soixante, le Japon a pu devenir le pays le plus dévastateur de son environnement ; car on a laissé « aller de soi (shizen ni 自然に) », en somme comme naturel, l’accaparement de l’archipel par le grand capital. D’où la réaction du « mouvement habitant (jûmin undô 住民運動) », quand on s’est rendu compte que ce n’était pas naturel du tout.

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